II/ Une population particulièrement prédisposée

Publié le par diabete-reunion.over-blog.com



A) Des changements rapides des modes de vie depuis la départementalisation


 

L’explosion récente du diabète gras à la Réunion est à relier avant tout à l’occidentalisation rapide du mode de vie. En effet, l’île a subi des transformations majeures de société depuis la départementalisation en 1946. Mais c'est surtout à partir des années 60 qu'elle a connu les effets de l'implantation du modèle métropolitain.

 

Les habitudes alimentaires ont beaucoup évolué avec le développement des grandes surfaces (Jumbo, Carrefour…) et l’arrivée des fast-foods (McDonald’s, Quick…), des pizzerias, des snacks….

Le premier supermarché s'est installé au début des années 1950. Il en existe aujourd’hui plus de 130. Actuellement, 66% des réunionnais se rendent régulièrement dans les supermarchés, hypermarchés et les grandes surfaces spécialisées. L’accès à la nourriture est donc devenu beaucoup plus facile et a entraîné une consommation de masse. Les produits que l’on trouve dans ces supermarchés sont souvent trop riches en lipides et en glucides rapidement assimilables :

-          Les graisses animales : beurre, crème fraîche épaisse, saindoux, charcuterie, viande grasse, fromage, jaune d’œuf …

-          Les sucres ayant un « index glycémique » élevé : sucre, bonbons, confiture, miel, pâtisserie, crème glacée, sorbet, compote en boite, laitage sucré, soda, sirop…

 
           
                 
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       Supermarché de Saint Denis  File d’attente au McDonald’s     

 

Cette occidentalisation s’est imposée très rapidement dans le mode de vie réunionnais. Seulement quelques années avant la départementalisation, les habitants de l’île travaillaient essentiellement dans les champs et les usines ( ex : Stella Matutina ). L’activité physique était beaucoup plus présente qu’actuellement. Leur nourriture était également beaucoup moins riche en sucre et en graisse car ils vivaient uniquement des produits locaux.

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La conséquence directe de la départementalisation en 1946 est l’apparition d’une forte prévalence de l’obésité à la Réunion:


En effet, des études récentes datant, pour les plus anciennes de 2000, sont des plus alarmantes. Celles-ci faites par des associations composées de professionnels de la santé, montrent qu’environ 50% des réunionnais sont en surpoids et que 15% d’entre eux sont victimes d’obésité, soit 4% de plus qu’en Métropole.

Les hospitalisations pour « obésité » concernent très majoritairement les femmes de 15 à 64 ans (106 hospitalisations pour 100 000 femmes de 15 à 64 ans contre 17 pour 100 000 hommes de 15 à 64 ans).

Ainsi, plus de la moitié des femmes (52%) ont un problème de poids contre 46% des hommes.

 

 

 tableau obésité

 

 

De plus, la prévalence  de l'obésité infantile à la Réunion a quintuplé en moins d'une génération. Les enquêtes réalisées en milieu scolaire montrent que près d’un enfant sur cinq, entre 5 et 15 ans, est en surpoids ou obèse.

 

tableau surpoids obésité 


 

Les repas traditionnels tels que le carry réunionnais ont l’avantage d’être équilibré (riz, poisson ou viande…), mais ce sont les quantités trop généreuses et l’excès d’huile qui favorisent le diabète de type 2.

 

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Nourriture typiquement réunionnaise

 

Quoi qu’il en soit,  ces repas traditionnels sont peu à peu remplacés par les sandwichs, les hot-dogs, les hamburgers, les pizzas, les frites ou encore les sodas. D’autant plus que de nombreux camions bar et snacks situés à proximité des établissements scolaires, incitent les jeunes réunionnais à consommer des aliments gras et boire des boissons très sucrées. (Un litre de Coca-cola contient environ 30 petits carrés de sucre). 

 

 

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             Deux snacks situés juste en face du lycée Leconte de Lisle

 

 

L’obésité et le diabète sont beaucoup plus fréquents chez les populations les plus défavorisés sur le plan socioprofessionnel. 60% des diabétiques de 45-79 ans ont un niveau d’étude inférieur ou égale au BEPC contre seulement 39% dans la population générale pour la même classe d’âge. De plus, depuis la départementalisation, le taux de chômage n’a cessé d’augmenter : Il était d’environ 30% en 2006.

Ces personnes sont beaucoup moins bien informées sur les aliments mauvais pour la santé et sur le diabète que celles appartenant aux classes sociales supérieures. Les produits de mauvaises qualités ( ceux qui contiennent beaucoup de graisse ) ou encore les pommes de terres, coûtent moins chers que les légumes frais.

 

 

Ce changement brutal de l’alimentation entraîne une obésité qui peut être à l’origine du diabète de type 2 :

En effet, la présence d'un excès de graisse au niveau du ventre entraîne de graves risques pour la santé. C'est notamment l'accumulation de graisse autour des organes situés dans l'abdomen (intestin, pancréas, foie...) qui est particulièrement mauvaise. Cette graisse abdominale est associée à un risque accru de diabète gras, car elle augmente la glycémie (taux de sucre dans le sang) ainsi que l'insulino-résistance (on devient insensible à l'insuline, l'hormone qui diminue la glycémie).

 

On parle d'obésité abdominale dès lors que le tour de taille est supérieur à 94 cm chez l'homme et 80 cm chez la femme.

A la Réunion, chez les patients diabétiques, l’obésité abdominale concerne 48% des hommes et 84 % des femmes de plus de 30 ans.

 

 

 

L’augmentation de la prévalence du diabète (non insulinodépendant) est également due à un manque d’activité physique de la part des réunionnais.

Pratiquer une activité physique régulière, même légère, est indispensable afin d’entretenir le bon fonctionnement de son organisme et plus particulièrement, du cœur et des vaisseaux sanguins. Il est recommandé de faire des exercices plusieurs fois par semaine, car la pratique d’un sport, quel qu’il soit, réduit la masse adipeuse et le taux de sucre dans le sang. Lors d’un exercice physique, le sucre est utilisé par les muscles, et l’action de l’insuline est améliorée.

 

Or, l’utilisation de plus en plus fréquente de l’automobile, l’excès de télévision, d’ordinateur… sont au détriment de l’exercice physique et favorisent un mode de vie sédentaire.

En effet, les Réunionnais de déplacent de moins en moins à pied :

Depuis la départementalisation, le réseau routier s’est fortement développé (route du littoral…). Les transports en communs sont de plus en plus nombreux avec le car jaune, les bus Citalis… On compte également près de 400 000 véhicules, soit environ une voiture pour deux habitants !

Chez les enfants, le changement de mode de vie a considérablement réduit les activités qui leur permettaient de dépenser de l’énergie (moins de sport, moins de marche pour aller à l’école …) et largement augmenté les situations les rendant quasiment inactifs (télévision, Internet, jeux vidéo…).

Ainsi, plus de 60% des réunionnais sont en dessous des recommandations en ce qui concerne l’activité physique, à savoir une activité physique journalière  (au moins 30 minutes de marche rapide par jour).

 

 

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Livre « Science et Vie de la Terre » 1re S, Edition Nathan 2001

 
 

 

        La départementalisation en 1946 de l’île de la Réunion joue donc un rôle déterminant dans l’évolution rapide des modes de vie. Ainsi, la mauvaise alimentation et l’activité physique réduite sont les causes principales de l’apparition du diabète non insulinodépendant. Pour le diabète insulinodépendant, des études devraient permettre de vérifier si certains facteurs environnementaux encore hypothétiques ( virus, substances alimentaires ) sont réellement en cause dans le déclenchement de la maladie.

 

 
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